La glace est cassée pour les recrues du Rocket | Analyse et échos de vestiaire

Après une présentation des joueurs réussie, frissons garantis, le club-école des Canadiens de Montréal démarrait sa saison dans une salle comble à la Place Bell. Cette saison, nous aurons l’occasion d’observer un bon nombre d’espoirs au sein du Rocket. La glace étant maintenant cassée, une belle aventure s’annonce pour ces jeunes joueurs.

La OHL, la NCAA, la WHL ou la LHJMQ… Maintenant, ça n’a plus d’importance. Les nombreux espoirs de l’organisation du Canadien à se joindre au Rocket sont maintenant tous sur le même pied d’égalité en matière d’évaluation. L’adaptation au style de la AHL sera au coeur des choses à surveiller dans leur cas. Pourront-ils transposer leur ADN de joueur de hockey dans le hockey professionnel ? Le Rocket tentera de viser les séries de nouveau. Ce n’est pas une cachette. Toutefois, l’organisation connaîtra un solide défi avec un bon nombre de joueurs inexpérimentés dans l’alignement.

L’histoire du match

En ce vendredi 13 à Laval, TSLH était sur place pour couvrir la rencontre. Dès les premiers instants, on n’a senti aucune gêne chez les ouailles de JF Houle. L’intensité était au rendez-vous, possiblement en raison de l’énergie de la foule, qui en redonnait après chaque beau jeu. C’est Joel Armia qui a eu l’honneur d’inscrire le premier but de la saison chez le Rocket. La foule, qui lui avait réservé un accueil chaleureux et bruyant lors de la présentation, s’est levée d’un trait après le tir d’Armia qui s’est frayé un chemin derrière Arturs Silov.

Le deuxième tiers fut cependant très difficile pour le Rocket. La formation locale était dans le coup à 2-2, mais après le deuxième engagement, les mines étaient basses avec le pointage de 5-2 en faveur des Canucks. Jakub Dobes fut notamment sorti du match. Nous y reviendrons dans les évaluations individuelles plus bas. L’indiscipline aura coûté cher dans cette période. Plusieurs revirements furent causés également. Dans l’ensemble du match, on a vu une formation lavaloise peu expérimentée contre une équipe qui l’était bien plus. Transportée par l’énergie du premier match à domicile au premier tiers, la troupe de JF Houle a connu un relâchement considérable en 2e période. Par la suite, il était trop tard.

«On a perdu 7-4. On peut passer des messages tout suite en partant puis on a plusieurs joueurs, donc on va avoir des jambes fraîches demain, c’est sûr et certain,» affirmait sans gêne l’entraîneur-chef JF Houle. Ce dernier ne cachait pas que la nervosité était bien présente surtout lorsqu’Abbotsford a inscrit quelques buts rapides. Chez les recrues de l’équipe, Jared Davidson et Filip Mesar sont les seuls à avoir patienté avant de donner leur premier coup de patin.

Analyse des recrues

Sean Farrell (1 passe, 2 tirs, +1)
Après une première période plus difficile pour l’espoir du CH, Sean Farrell s’est bien repris. La nervosité ou l’adaptation ? Rapidement, on a vu le Sean Farrell de la NCAA. Celui qui cible bien les lignes de passe et qui fait circuler la rondelle d’une belle façon. Sans pour autant être de toutes les attaques, il n’aura pas connu un mauvais match dans l’ensemble. Son efficacité dans ses lectures de jeu et dans ses habiletés de passeur ont plus ressorti en avantage numérique cependant. La rapidité d’exécution sera la clé pour Farrell dans cette saison de développement. Sans la rondelle, j’ai cependant remarqué qu’il arrivait au porteur avec moins de rigueur que dans la NCAA.

«On doit accélérer l’exécution en avantage numérique. Bouger la rondelle plus rapidement,» expliquait timidement Sean Farrell après la rencontre.

Souvent le long des bandes, il dépassait l’adversaire pour ensuite jouer du bout de la palette. Être plus «hard on puck» l’aiderait beaucoup. C’est une chose que l’on voyait fréquemment en NCAA. Farrell était aussi un spécialiste pour entrer en zone ennemie et y installer l’offensive. Lors des occasions où il pouvait le faire, il préférait refiler le disque au joueur statique sur la bleue. Farrell possède la vitesse et les mains pour exécuter les entrées de zone même dans la AHL. Suffit d’avoir confiance…

Riley Kidney (-1, 3 tirs)
Honnêtement, j’ai très peu de mots pour décrire le match de Kidney. Et c’est vraiment au premier degré que l’on doit lire ceci. Ce n’est pas que Riley Kidney a été mauvais, on l’a tout simplement peu vu. Sur une occasion de marquer, Kidney a décoché un tir qui s’est retrouvé dans le logo du gardien adverse. C’est pas mal son seul jeu marquant du match. Comme Houle affirmait qu’il y aurait des changements à l’alignement, je m’attends à ce que Kidney cède sa place pour le match de ce samedi.

Logan Mailloux (-2, 5 tirs)
Un bon match dans l’ensemble pour Logan Mailloux. Je l’ai trouvé assez calme sur la patinoire pendant que Mattias Norlinder tentait d’être de toutes les attaques. Qui aurait cru que Mailloux, un défenseur dont les principales lacunes se trouvent dans l’aspect défensif, serait l’élément sécuritaire de cette paire ? Le jeune défenseur faisait bien circuler la rondelle à la ligne bleue offensive et a bien appuyé l’attaque lorsqu’il le fallait. Sans être le plus spectaculaire, Logan Mailloux a offert une bonne performance comme on veut en voir chez les professionnels.

Qui plus est, il s’est même permis un combat pour défendre son coéquipier Norlinder, frapper durement dans la bande après un dégagement. La bagarre n’avait rien pour faire les jeux de la semaine, mais l’intention était bien placée. La foule a d’ailleurs apprécié en scandant le nom de Mailloux dans les hauteurs de la Place Bell. Quelques instants après son combat, Logan Mailloux a retraité au vestiaire. Il fut néanmoins de retour au banc une fois ses 5 minutes purgées.

«Ça a toujours fait partie de mon style (jouer physique). Dans le junior, je ne me battais pas trop, car je jouais plusieurs minutes donc j’étais limité pour me battre. J’aime jouer physique quand l’occasion se présente et je me dresserai pour moi et mes coéquipiers à tous les soirs,» soulignait Logan Mailloux après le match à Laval. JF Houle a bien aimé cet aspect du jeu dans le cas de Mailloux. Selon l’entraîneur, malgré les quelques revirements, Mailloux a effectué de très bonnes passes et son patin est «amplement correct pour le calibre de la AHL».

Jayden Struble (+1, 4 tirs)
Le défenseur aura connu un match «à la» Jayden Struble. Fiable pour faire le ménage devant le filet, on l’a aussi vu se porter à l’attaque à quelques occasions. Le gros défenseur a sorti les épaules à quelques reprises, ce qui a soulevé la foule même lorsque la marque était de 6-4 pour les Canucks.

Joshua Roy (1 but, 1 passe, -1, 2 tirs)
Un très bon match pour le jeune Joshua Roy. Il ne semblait nullement impressionné par la foule, le calibre ou la grosseur des joueurs adverses. Souvent critiqué pour son patin, il a montré toute l’efficacité de son positionnement combiné à une intelligence hockey grandement intéressante. Roy manoeuvrait très bien dans les espaces libres avec ou sans la rondelle, ce qui lui permettait de se rendre constamment disponible pour ses coéquipiers. La séquence qui a mené à son premier but en carrière dans la AHL le démontre très bien d’ailleurs. Roy s’est positionné avec la rondelle dans un espace libre, refilant le disque habilement à son coéquipier pour ensuite se repositionner dans un autre espace libre. Lorsqu’il a reçu la passe en «give and go», une tasse de café à son opposant et il ne restait plus qu’à déjouer le gardien puisque Roy était fin seul en haut de l’enclave. Un bon tir bas et l’affaire était ketchup. Au 3e engagement, Roy récoltera une passe en avantage numérique. Son tir, avec peu d’angles, frappe la jambière de Silovs et Armia récupère le disque pour inscrire son 2e de la soirée.

«On a eu un bon début, mais on a connu un relâchement en 2e. En tant que joueur, ça donne de l’énergie avoir une foule comme ce soir. C’était un bon feeling (son 1er but), c’est pas comme si c’était un ‘open net’,» nous exprimait Joshua Roy, fier de son premier match, mais déçu de ne pas avoir procuré une victoire aux partisans. Du côté de l’entraîneur-chef, Houle stipulait que Roy a connu un bon match. Le talent est bien là et Houle pointait aussi le jeu défensif du Québécois: «Défensivement, il s’est bien replié à quelques reprises. Il est plus fort physiquement que je pensais. Il protège bien la rondelle, possède une belle vision de jeu. Je suis content de son jeu. Il a joué un bon match.»

Jakub Dobes (5 buts sur 15 lancers)
On peut peut-être trouvé quelques excuses pour justifier la mauvaise sortie de Jakub Dobes. Il faut néanmoins avouer qu’effectivement, il s’agit d’une mauvaise sortie. Pour avoir observé près d’une vingtaine de fois le gardien dans la NCAA, le vrai Dobes ne s’est pas présenté ce soir. Souvent pris sur les talons sans réellement se déplacer, le grand gaillard a laissé passer quelques buts douteux. Habituellement, c’est un gardien explosif qui montre beaucoup de combativité sur le jeu. Dans le match contre les Canucks, on l’a senti plutôt amorphe. À Ohio State, Dobes voyait énormément d’action en termes de nombre de matchs, mais aussi au chapitre des tirs reçus par match. Est-ce que la première période peu occupée l’a rendu plus «soft» ? Était-il nerveux ou juste impressionné à ses débuts dans la AHL ?

L’entraîneur-chef du Rocket refusait cependant de cibler son gardien dans son point de presse d’après match. Il faut dire que JF Houle protège très régulièrement ses jeunes dans ses commentaires, spécialement les gardiens aussi. Questionné sur les 3 buts en ligne accordés par Dobes, Houle a détourné la faute sur le travail des défenseurs en avant de lui:

«Faut être plus raide en avant du filet. Deux de ces trois buts-là, on était à côté du gars, mais on n’avait pas les bâtons. Ce sont les petits détails, on a plusieurs joueurs donc beaucoup d’apprentissages et beaucoup de vidéos,» exprimait Houle devant les médias.