Repêchage 1993 – Analyse du top 5
Si vous suivez moindrement les nombreux médias sportifs montréalais ces dernières semaines, vous avez certainement croisé un article ou deux mentionnant les performances intéressantes de Jesperi Kotkaniemi depuis le début de la saison et de tous les comparatifs possibles avec les joueurs actuels des Canadiens de Montréal. Évidemment, les circonstances du départ de KK de Montréal sont bien connues et, malheureusement, on ne peut pas retourner en arrière et même si on pouvait, serait-il vraiment pertinent de le faire?
Cela étant dit, alors qu’il est toujours beaucoup question des attentes envers les joueurs repêchés en première ronde, et plus particulièrement ceux qui ont été sélectionnés dans le top5, nous avons eu envie de retourner en arrière et jeter un coup d’œil à chaque repêchage des 30 dernières années et de voir s’il n’y avait pas quelque chose à comprendre dans l’art de trouver les meilleurs joueurs disponibles à chaque saison.
Nous commencerons cette série d’observations en 1993.
Top 5 – repêchage 1993
Rang | Joueur | Équipe |
---|---|---|
1 | Alexandre Daigle | Senators d’Ottawa |
2 | Chris Pronger | Whalers de Hartford |
3 | Chris Gratton | Lightning de Tampa Bay |
4 | Paul Kariya | Ducks d’Anaheim |
5 | Rob Niedermayer | Panthers de la Floride |
Évidemment, en tant que québécois, nous avons tous beaucoup entendu parler de ce repêchage fatidique où Alexandre Daigle a été choisi au tout premier rang pour ensuite connaître une carrière très correcte, mais bien en-dessous des attentes vertigineuses qui avaient été échafaudées autour de lui. Mais, au-delà de cette manchette qui a surtout fait jaser ici, l’année 1993 a été un bassin extrêmement fertile pour les équipes de la LNH pour plusieurs années à suivre.
Sur les 286 joueurs repêchés en 1993, 131 ont joué dans la LNH. De plus, 27 de ces joueurs ont connu des carrières de plus de 700 matchs et 15 ont même dépassé le respecté plateau des 1000 rencontres et plus.
Dans les cinq premières sélections de 1993, tous les joueurs sélectionnés ont eu d’intéressantes carrières. Évidemment, certains plus que d’autres, et assurément, l’impact que ces joueurs ont eu sur leurs équipes diffère assez drastiquement, que ce soit dû aux contextes dans lesquels ils ont été projeté ou simplement au fait qu’ils étaient destinés (ou non) à de grandes choses.
1. Alexandre Daigle
Beaucoup a déjà été dit au sujet de ce joueur pseudo controversé. Dans la conscience collective, on semble avoir le souvenir d’un joueur qui n’a pas connu de succès dans la LNH, mais ce n’est pas tout à fait exact. Évidemment, avec les deux saisons éblouissantes qu’il avait connu avec les Tigres de Victoriaville, amassant 247 points e 119 rencontres, lorsqu’il a été repêché au tout premier rang de l’encan 1993 de la LNH, dans une cuvée comprenant des joueurs tel que Paul Kariya et Chris Pronger, nous étions en droit d’avoir des attentes plutôt élevées. Mais alors qu’il n’a pas été aussi prolifique qu’un Kariya, Alexandre Daigle a tout de même connu une carrière très respectable dans la LNH, accumulant 327 points en 616 matchs, le plaçant au 26e rang de sa cuvée pour le nombre de points.
Aura-t-il eu l’impact que l’on attendait de lui lorsqu’il est arrivé dans la LNH? Probablement pas, mais pour un joueur qui a souvent eu à composer avec des formations en recherche d’identité et la plupart du temps en mode reconstruction (Ottawa tout droit arrivé de l’expansion, Pittsburgh juste avant l’arrivée de Crosby, le Wild du début de années 2000), il a eu d’intéressantes statistiques personnelles et une carrière tout à fait respectable qui s’est terminé en Europe où il a presque toujours maintenu une moyenne d’un point par match.
Sur une note plus personnelle, l’auteur de ce texte a aussi eu la chance de côtoyer Alexandre Daigle dans son autre carrière chez Grandé Studios et il peut témoigner du fait qu’Alex Daigle est quelqu’un de très intelligent et très vif, en plus d’être un gentleman hors-pair, doté d’un sens de l’humour aiguisé.
2. Chris Pronger
Si c’était à refaire, Chris Pronger aurait certainement été repêché au tout premier rang de l’encan 1993. Évidemment, il était peut-être difficile jadis de lui prévoir une grande carrière lorsque les Whalers de Hartford l’ont sélectionné et ce même s’il arrivait de deux saisons saison en OHL où il a obtenu 139 points en 124 rencontres, mais lorsqu’il a été échangé aux Blues de St-Louis contre Brendan Shanahan le 27 juillet 1995, il pouvait enfin commencer son parcours presque parfait qui le mènerait éventuellement au temple de la renommée du hockey.
Chris Pronger a joué 1167 matchs de saison régulière dans la LNH et il a cumulé 698 points, le plaçant au 29e rang de tous les temps chez les défenseurs. Assurément que d’autres défenseurs présentement et qui connaissent de grandes carrières tels que Roman Josi, Victor Hedman ou John Carlson sont susceptibles de le dépasser au cours des prochaines années, mais il restera encore longtemps dans le top40. En séries éliminatoires, il occupe le 10e rang des défenseurs avec 121 points en 173 parties et il n’y a que Victor Hedman présentement qui pourrait lui ravir sa place dans le top10 prochainement avec ses 110 points.
Entre 1995 et 2011, il a porté les uniformes de quatre équipes de la LNH et pendant ces 16 saisons consécutives, les équipes pour lesquelles il a joué n’ont jamais ratées les séries éliminatoires. De plus, il s’est rendu en finale de la coupe Stanley à trois reprises : en 2006 avec les Oilers d’Edmonton, en 2010 avec les Flyers de Philadelphie et surtout, en 2007 avec les Ducks d’Anaheim où il a remporté la coupe Stanley, avec Rob Niedermayer, repêché trois rangs plus loin la même année que lui.
Ainsi, avec une coupe Stanley (2007), deux médailles d’or olympiques (2002, 2010), six sélections au Match des étoiles, en plus d’un trophée Norris et un trophée Hart, sans compter son apport à la stabilité défensive de toutes les formations avec qui il a évolué, Pronger est un exemple probant de ce qu’un choix du top5 se doit d’être.
3. Chris Gratton
À l’instar d’un joueur tel qu’Alexandre Daigle, Chris Gratton a connu deux excellentes saisons au niveau junior avec les Frontenacs de Kingston dans la OHL où il a cumulé 175 points en 120 rencontres avant d’être repêché par le Lightning de Tampa Bay en 1993. Une fois dans la LNH, il a connu une carrière très correct, mais comme Daigle exactement au même moment, il a plus souvent qu’autrement fait partie d’organisations en construction et/ou en transition et il a fini par devenir un joueur fiable pouvant apporter entre 35 et 55 points par saison, mais sans jamais atteindre un niveau élite auquel on pourrait s’attendre d’un choix du top3.
Il a fini sa carrière dans la LNH avec 568 points en 1092 matchs joués avec sept différentes équipes : le Lightning de Tampa Bay, les Flyers de Philadelphie, les Sabres de Buffalo, les Coyotes de Phoenix, l’Avalanche du Colorado, les Panthers de la Floride et les Blue Jackets de Columbus.
4. Paul Kariya
Paul Kariya aurait dû jouer 1000 matchs dans la LNH. Il aurait dû avoir une carrière glorieuse et remporter des coupes Stanley, mais les blessures l’ont empêché de devenir la légende qu’il aurait dû être. Malgré tout, il a tout de même joué 989 rencontres et il amassé 989 points, dépassant le plateau des 100 points à deux reprises, en plus d’une saison de 99 points en 69 matchs en 1996-1997 à sa 3e saison, celle où il a été nommé capitaine des Ducks d’Anaheim.
Il a fini par porter l’uniforme de quatre différentes équipes de la LNH : les Ducks d’Anaheim, l’Avalanche du Colorado, les Predators de Nashville et les Blues de St-Louis, mais c’est avec les Ducks qu’il aura captivé une génération de jeunes partisans par sa fougue, ses habilités de fabricant de jeu et son apparition dans le film Mighty Ducks 2, faisant de lui un choix évident du top5 de la plupart des repêchages de l’histoire de la LNH.
5. Rob Niedermayer
Rob Niedermayer a connu une excellente carrière. Il a joué 1153 matchs de saison régulière, 116 rencontres éliminatoires, il s’est rendu en finale de la coupe Stanley à trois reprises et il a même remporté la coupe Stanley en 2007 avec les Ducks d’Anaheim. Pourtant, si on doit refaire le top5 du repêchage de 1993, Rob Niedermayer se retrouve loin derrière beaucoup d’autres joueurs tel que Saku Koivu, Pavol Demitra ou Kimmo Timonen, pour ne nommer que ceux-là. Cela étant dit, il va sans dire que Rob Niedermayer reste tout de même un choix de première ronde, mais peut-être un peu en dehors du top10.
Redraft TSLH – 1993
Rang | Équipe | Joueur | Statistiques – carrière |
---|---|---|---|
1 | Ottawa | Chris Pronger | 1167 parties – 698 points |
2 | Hartford | Paul Kariya | 989 parties – 989 points |
3 | Tampa Bay | Saku Koivu | 1124 parties – 832 points |
4 | Anaheim | Pavol Demitra | 847 parties – 768 points |
5 | Floride | Kimmo Timonen | 1108 parties – 765 points |
6 | San Jose | Jason Arnott | 1244 parties – 938 points |
7 | Edmonton | Miroslav Satan | 1050 parties – 735 points |
8 | New York (R) | Todd Bertuzzi | 1159 parties – 770 points |
9 | Dallas | Bryan McCabe | 1135 parties – 528 points |
10 | Québec | Jocelyn Thibault | 586 parties – 2.75 – .904 |
11 | Washington | Adam Deadmarsh | 567 parties – 373 points |
12 | Toronto | Rob Niedermayer | 1153 parties – 469 points |
13 | New Jersey | Tommy Salo | 526 parties – 2.55 – .905 |
14 | Québec | Andrew Brunette | 1110 parties – 733 points |
15 | Winnipeg | Vaclav Prospal | 1108 parties – 765 points |
16 | Edmonton | Todd Marchant | 1195 parties – 498 points |
17 | Washington | Jamie Langenbrunner | 1109 parties – 663 points |
18 | Calgary | Brendan Morrison | 934 parties – 601 points |
19 | Toronto | Darcy Tucker | 947 parties – 476 points |
20 | Vancouver | Mike Grier | 1060 parties – 383 points |
21 | Montréal | Janne Niinimaa | 741 parties – 319 points |
22 | Détroit | Kenny Jonsson | 686 parties – 267 points |
23 | New York (I) | Viktor Kozlov | 897 parties – 537 points |
24 | Chicago | Jay Pandolfo | 899 parties – 226 points |
25 | Boston | Chris Gratton | 1092 parties – 568 points |
26 | Pittsburgh | Hall Gill | 1108 parties – 184 points |
Évidemment, le but ici n’est pas de ré-écrire l’histoire, mais il serait fascinant de voir ce qui serait advenu de toutes ces équipes, s’ils avaient pu avoir plus de certitude sur les joueurs qui connaitraient de grandes carrières versus ceux qui ce sont avérés être des joueurs plus ordinaires.
Commentaires