Dossier | Le cap salarial ajusté en fonction des impôts des provinces et des États?
On voit de plus en plus une tangente au sein de la LNH lorsque vient le temps d’analyser le marché des joueurs autonomes. Certaines formations ont la cote auprès des joueurs, alors que d’autres se font littéralement bouder. La réalité des impôts dans les différents provinces et États devient de plus en plus l’un des facteurs les plus importants dans la décision d’un joueur avant de signer un lucratif contrat comme joueur autonome.
Bien des équipes sont avantagées par cette réalité
La nouvelle formation du circuit Bettman, les Golden Knights de Vegas, se compte parmi les formations attirantes pour un joueur autonome. Qualifiée comme une place où il fait bon de vivre, cette ville n’offre aucun taux d’imposition d’État, alors que seul l’impôt fédéral est prélevé sur le chèque de paye des joueurs. Comme l’illustre Jesse Granger dans un billet pour le compte du Las Vegas Sun, un joueur qui gagne un salaire de 5M$ par année à Vegas touchera, après impôt, un total de près de 3,06M$ au final. En guise de comparaison, le même joueur, au même salaire, mais qui évolue dans une province canadienne comme Toronto, Ottawa ou Montréal, gagnera au final près de 2,36M$.
C’est une différence énorme sur un salaire annuel et on parle ici d’un argument de taille pour le choix d’une formation, lorsqu’on a le loisir de choisir notre destination en tant que joueur autonome. Aux États-Unis, sept États ne se font prélever de l’impôt qu’au Fédéral: la Floride, l’Alaska, le Nevada, le Dakota du Sud, le Texas, le Wyoming et Washington. C’est donc dire que ces formations de la LNH sont toutes favorites pour l’obtention d’un joueur autonome à gros salaire:
– Le Lightning
– Les Panthers
– Les Golden Knights
– Les Stars
– Les Capitals
Le Québec et l’Ontario, les pires endroits
Au Québec, on impose provincialement à un minimum de 15% pour les salariés de 42 700$ et moins. Pour nos millionnaires hockeyeurs, on parle d’un taux d’imposition de 25,75% selon les chiffres recensés par Revenu Québec en 2017. Ajoutons un autre 20 à 25% pour le Fédéral et on se retrouve à un taux d’imposition supérieur à 50% lorsqu’on évolue pour le Canadien de Montréal.
Cette réalité touche également les formations canadiennes en général. Si le Québec est l’une des provinces qui imposent le plus ses salariés, l’Ontario ne s’en tire pas mieux du tout. Pour un salarié de 400 000$ et plus, le taux d’imposition marginal provincial monte à 20,53% selon les chiffres de la firme Raymond Chabot Grant Thornton. Après que le Fédéral impose également ses taxes, on monte encore une fois à près de 50%.
Si l’on poursuit avec l’Alberta, on constate que les impôts provinciales sont beaucoup plus avantageuses qu’au Québec et qu’en Ontario. En effet, selon les chiffres récoltés via le site Turbo Impôt, l’Alberta est taxée à 15% pour les salariés de 303 000$ et plus. C’est donc 5% de moins que l’Ontario et que le Québec, ce qui baisse à près de 40% d’imposition après l’impôt fédéral. La Colombie-Britannique suit également la tangente de l’Alberta, avec 14,70% de taux d’imposition au provincial.
Beaucoup plus avantageux aux USA
Lorsqu’on observe ce que paient les États en impôt, avant même que l’impôt fédéral embarque, on constate que le Canada ne devient plus une place avantageuse pour gagner des millions. En effet, le plus haut taux d’imposition d’État (provincial si on veut) se trouve en Californie, à 13,3%. Ensuite, le Minnesota est l’État qui taxe le plus avec 9,85% au maximum. On voit clairement une bonne différence, alors que le taux d’imposition fédéral est également moins élevé. Voici un tableau récapitulatif pour analyser cette situation très intéressante:
Au Canada
Province canadienne | Taux d’imposition maximum |
---|---|
Québec | 25,75% |
Ontario | 20,53% |
Manitoba | 17,4% |
Alberta | 15% |
Saskatchewan | 15% |
Colombie-Britannique | 14,7% |
Aux États-Unis
États américains | Taux d’imposition maximum |
---|---|
Californie | 13,3% |
Minnesota | 9,85% |
New Jersey | 8,97% |
New York | 8,82% |
Missouri | 6% |
Caroline du Nord | 5,75% |
Massachusetts | 5,1% |
Note : Ceci n’est qu’un échantillon des États américains présents dans la LNH.
Un plafond salarial ajusté au taux d’imposition ?
Afin de rendre le tout équitable pour toutes les formations de la LNH, devrait-on ajuster le plafond salarial en fonction du taux d’imposition des provinces et des pays ? C’est en observant ces chiffres que l’on comprend pourquoi certaines formations partent favorites pour l’obtention d’un haut salarié de la LNH. En mettant plus d’espace salarial aux formations canadiennes, en guise d’exemple, ce phénomène deviendrait moins flagrant et par conséquent, plus équitable pour les formations du circuit Bettman.
Toutefois, comme on le voit de plus en plus, les organisations trouvent le moyen de contourner les règles d’imposition en versant 910 000$ en salaire après avoir obtenu 11M$ en bonus. C’est exactement comme cela que le contrat de John Tavares a été construit une fois qu’il a signé chez les Leafs. L’attaquant étoile ne touchera jamais un salaire plus haut qu’un million pendant huit ans, mais il recevra des bonus chaque année jusqu’à l’échéance de son contrat. D’autres optent pour le versement d’argent auprès des oeuvres de charité, afin de récupérer un peu de cet argent via l’impôt. De ce fait, leur salaire annuel est moins imposé, puis ils récupèrent une petite partie sur leur remboursement d’impôt.
Au final, l’ajustement du plafond salarial en fonction du taux d’imposition des endroits pourrait-il enrayer toutes ces formalités de contournement ?
Commentaires