Danila Yurov, l’énigme de Russie | Profil d’espoir du repêchage 2022
Avec la publication de nombreux classement et de rapports d’observation dans les derniers mois, je poursuis mes partages sur le repêchage avec un profil d’espoir. Ce texte concerne donc Danila Yurov, un attaquant russe gaucher jouant en MHL et KHL. Vous trouverez une description écrite du jeune, mais aussi une vidéo comprenant plusieurs séquences de jeu avec mes commentaires.
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Danila Yurov
J’ai quand même couvert Danila Yurov à de nombreuses reprises au cours de la saison. Chaque fois, le constat était le même. L’espoir russe domine la compétition dans la ligue junior de Russie (MHL) et fait rire de lui par son organisation en KHL.
Cet attaquant a navigué toute la campagne entre la MHL et la KHL. Contre de l’opposition de son âge, le prospect a été tout simplement trop fort avec une production de 36 points en 23 matchs. Au niveau du meilleur circuit au pays, en 21 rencontres, le jeune n’a enregistré aucun point. Pourquoi observe-t-on une telle différence ?
La réponse est assez simple : il fait rire de lui. En Russie, lorsque vous habillez un élément d’âge junior, ça vous permet d’habiller plus de vétérans. Ce procédé a un énorme impact bénéfique pour l’équipe en tant que telle, mais pour les recrues, c’est néfaste. Une équipe n’a aucun avantage de faire jouer un gars de 18 ans qui veut s’en aller en Amérique du Nord. Ainsi, au détriment de son développement, un coach va mettre plus de vétérans dans son alignement et faire jouer le jeune que quelques minutes ou secondes par affrontement.
C’est ce qu’on a observé pour Danila Yurov. Sa moyenne de minutes par match au cours du calendrier régulier et des séries navigue autour de 3 minutes et demie en KHL. Pour un gars aussi talentueux, c’est déplorable. Je ne sais pas quoi à quoi ressemble son contrat présentement avec le Metallurg, mais j’espère qu’il se termine très bientôt. Avec le climat politique actuel, un contrat de longue durée et une équipe l’utilisant aussi peu, le jeune pourrait chuter drastiquement au repêchage.
C’est assez difficile d’évaluer le jeu de Danila Yurov dans la dernière année, mais on a pu le voir assez souvent en MHL pour faire ressortir des tendances. La seule chose qui amène de l’incertitude est que, dans cette ligue, les joueurs de grand talent trichent souvent.
Mobilité
Si on se concentre sur ses habilités, Danila Yurov est l’un des espoirs les plus dangereux du repêchage pour les équipes adverses. Bien qu’il ne présente pas le moteur le plus foudroyant, le Russe est un bon patineur. Le gaucher est capable d’aller chercher beaucoup de puissance avec des foulées larges et bien exécutées. Quand c’est plus de l’agilité qui est recherchée, le jeune est aussi capable de répondre à la situation avec une technique fort appréciable et fluide.
Personnellement, je n’ai aucun problème avec le patin de ce jeune. La seule chose qui accroche est son « pace » ou rythme de jeu. Ça manque de constance tout comme la majorité des aspects de son jeu. J’aimerais vraiment que Danila Yurov soit à fond de train à tout moment, mais je crois que c’est un joueur cérébral. Ainsi, ça ne sert pas nécessairement à grand-chose d’être éparpillé et d’être à 100 à l’heure à chaque instant. Il préfère évaluer ses options et attaquer quand le moment est le bon.
Offensive
Danila Yurov est un espoir très polyvalent en offensive. Celui qui est né le 22 décembre 2003 peut jouer tous les rôles. On peut le voir en périphérie afin de contrôler le disque et manipuler le corps défensif. Habilement, il peut graviter le long de la ligne bleue et des bandes pour attendre les opportunités. Quand une ouverture se crée, l’espoir fonce ou en profite pour offrir la rondelle à un coéquipier.
Le Russe peut aussi laisser faire ses coéquipiers et se placer en attente d’une passe pour utiliser son excellent tir sur réception. Ce n’est pas l’élan le plus dévastateur comme Ivan Miroshnichenko, mais il est assez puissant pour battre les gardiens adverses.
Le prospect a aussi de bonnes mains qui lui permettent souvent de se faufiler jusqu’au gardien en traversant ses opposants ou en les contournant. De là, il laisse parler son talent pour marquer ou y aller d’une passe savante.
Comme je dis, Danila Yurov peut tout faire et son entraîneur dans la MHL, comme beaucoup d’autres dans le circuit, le laisse aller. C’est un élément qui a carte blanche sur la patinoire. Ainsi, on le voit tricher à de nombreuses reprises et y aller d’un peu trop de finesse pour rien. Comme il est une coche au-dessus de tout le monde, le gaucher s’amuse et perd la rondelle quand même souvent. Ce n’est pas la fin du monde, car le Russe ne lâche pas le morceau aussi facilement, mais, en Amérique du Nord, bonne chance pour cela.
C’est possiblement pourquoi c’est un peu plus difficile en KHL lorsqu’il a la chance de jouer. Danila Yurov n’a pas carte blanche et doit faire ce qu’on lui dit. Les occasions offensives sont excessivement rares et on ne peut pas prendre de momentum dans ce temps-là. Il ne faut toutefois pas se leurrer, le kid a énormément de potentiel, sa production en KHL n’est qu’un concours de circonstances.
Défensive
C’est certain qu’un espoir qui triche vers l’offensive ne sera jamais le plus dédié vers la défensive. Néanmoins, Danila Yurov peut être utilisé en désavantage numérique et, lorsqu’il est dans une bonne « game », on le voit régulièrement se replier pour récupérer les rondelles.
Son bâton est vraiment actif dans sa zone et le jeune identifie très bien les lignes de passes. De plus, quand il se décide à travailler, c’est un élément compétent qui est difficile à battre. Comme sa vision est bien au-dessus de la moyenne, son anticipation l’aide dans toutes ses tâches pour créer des revirements.
Si une organisation est capable de faire de lui un attaquant offensif capable de jouer également efficacement dans son territoire, ce sera un atout incroyable pour gagner des matchs. Néanmoins, on ne sait pas à quel point ce sera transposable dans la LNH. Il faut absolument que l’espoir continue à travailler sur cet aspect dans les prochaines années.
La KHL n’est pas un mauvais endroit pour le faire, mais pas à 4 minutes par rencontre. L’an prochain, si le Metallurg le fait jouer en situation difficile où il doit se démarquer défensivement pour environ 8 à 10 minutes par match, je ne serais pas déçu. Croisons-nous les doigts.
Jeu physique
C’est le gros problème de Danila Yurov. Le Russe n’initie presque aucun contact physique. Il a la mobilité, la force et l’entrain pour gagner ses batailles à un contre un, mais le jeune n’est pas du tout physique. C’est tout le contraire.
On le voit très souvent absorber les contacts et endurer les coups pour se diriger vers le filet, mais on voit que ce n’est pas sa force. Je ne doute pas que ça viendra avec la maturité et le jeu contre des hommes, mais, là-dessus, des prospects comme Juraj Slafkovsky, Ivan Miroshnichenko et Conor Geekie sont en avance.
Repêchage
Avec le climat politique, son temps de jeu en KHL et le fait qu’il pourrait rester dans son pays quelques saisons (son contrat se termine l’an prochain), Danila Yurov chutera selon moi. Si on se concentre seulement sur le talent, le Russe pourrait sortir top 5, mais il y a contexte jouant contre lui. Ainsi, je ne serais pas étonné de le voir sortir du top 15 et ce serait toute une aubaine.
C’est un jeune de haute qualité qui vous redore une banque d’espoirs assez rapidement. J’espère sincèrement qu’il tombera dans une équipe avec un historique avec les Russes comme les Blue Jackets, les Devils, le Lightning ou les Maple Leafs. Avec eux, je ne doute pas qu’il s’en viendra rapidement et qu’il sera pris en charge adéquatement.
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