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Opinion hockey | Quand la passion prend la place de la raison au Québec

Le 11 février dernier, le Gouvernement du Québec officialisait son partenariat avec Hockey Québec pour la création d’un guide pour contrer la violence dans les arénas. Une telle initiative vise à réduire les incidents malheureux impliquant des parents de jeunes joueurs mineurs. Depuis des années, l’ambiance dans les arénas de hockey mineur ressemble de plus en plus aux amphithéâtres de la LNH. Parents furieux contre les entraîneurs, contre les arbitres et même contre les autres jeunes, les grands opposants à l’intimidation deviennent parfois les artisans de ce problème social lorsqu’on est dans un contexte de hockey.

Sport national ou maladie infectieuse ?

Le hockey au Québec est une véritable religion. L’histoire bien remplie du Canadien de Montréal, la rivalité avec les Nordiques, les programmes de développement de hockey… La société sportive d’aujourd’hui pousse de plus en plus nos jeunes athlètes à se dépasser afin d’atteindre leur rêve et c’est tout-à-fait légitime. Or, le hockey devient visiblement une maladie pour certains parents qui semblent vivre leur carrière manquée de joueur de hockey à travers leur garçon ou leur fille. Récemment, l’émission d’affaires publiques J.E diffusait un reportage sur des cas répertoriés dans le monde du hockey mineur qui sortent de l’ordinaire.

On a donc fait la connaissance de Louis-Charles Davignon dans ce reportage. Ce jeune gardien de but de la catégorie Bantam B (plus basse catégorie bantam) souffre d’une légère dystrophie musculaire, mais enfile tout de même ses jambières pour jouer au sport qu’il a toujours adoré. Malheureusement, il a dû les accrocher après la saison 2017-2018 après que des parents assoiffés de victoire aient mis de la pression sur ce jeune enfant. En effet, certains parents de l’équipe ont fait pression sur l’entraîneur pour que le jeune Davignon ne garde pas les buts dans un match de tournoi, puisqu’ils estimaient qu’ils n’étaient pas assez bons. Les commentaires enregistrés à l’insu des parents fautifs a de quoi frustrer:

«On est écoeuré ! On est écoeuré de perdre, surtout quand c’est des tournois. On paie ost***, on paie ost*** pour gagner !»

«Il y a des ligues plus récréatives, inscrit le là à place ton gars !»

Dans la vie de tous les jours, des gens qui discriminent une personne avec un handicap, ça ne passe pas. Pourquoi dans un contexte de hockey, il s’agit d’un autre monde ?

Dans un autre fait vécu, on parle cette fois d’un autre gardien de but de la classe Peewee C cette fois. Dans un autre contexte de tournoi, une pétition à circuler au sein des parents pour que le jeune gardien ne soit pas devant le filet, prétextant qu’il était moins bon que l’autre. Après un mauvais match lors de ce tournoi, le jeune gardien n’aura finalement pas gardé les buts par la suite, même si c’était son tour. L’entraîneur a donc encore une fois flanché sous la pression des parents contaminés par la passion de ce sport maladif.

La passion n’atteint pas seulement les parents

Le phénomène des parents hystériques ne date pas d’hier. Ayant moi-même officiel pour Hockey Québec pendant des années, il n’était pas rare qu’à la fin d’un match, des parents venaient engueuler, voire même menacer des arbitres avant qu’ils n’entrent dans leur vestiaire. De mes yeux vus, constater des parents dans la quarantaine qui traite de tous les noms un arbitre de 15-16 ans qui tentent de se faire un chemin sur le marché du travail, c’est tout à fait inacceptable. De voir également des parents (et nombreux ils étaient) venir dans la chambre d’arbitre après les matchs pour exiger que l’on ajoute une passe à leur enfant, et ce, dans une catégorie bien locale du style Peewee A, ça démontre beaucoup la mauvaise volonté des parents.

De nos jours, on se plaint de plus en plus que les jeunes demeurent devant leur ordinateur ou leur console de jeu. Toutefois, lorsqu’on les met dans une situation où ils peuvent faire du sport, on leur fait subir de tels événements. Sans généraliser, on semble de plus en plus être contaminé par la maladie du hockey au Québec. Dans cela, il faut également inclure les entraîneurs. On a tous en mémoire l’événement récent d’un entraîneur de novice C sur la Côté-Nord qui perd les pédales envers un joueur dans une scène digne de la WWE. L’homme, père de famille, démontre une passion négative qui prend totalement la place de la raison dans cette situation. Comment le jeune peut-il ensuite aimer aller à l’aréna pour pratiquer le sport qu’il aime ? Comment expliquer (fait vécu personnellement) à ton garçon de 14 ans, une fois à la maison, pourquoi tu as menacé un officiel de lui «lancer une chaudière de rondelles sur le tête», alors que l’arbitre à l’âge de ton plus vieux ?

Quand on analyse la passion des Québécois…

C’est simple, on n’a qu’à regarder comment nous sommes partisans au Québec. Le hockey est une véritable passion pour beaucoup de gens, mais malheureusement, la raison est souvent mise de côté. Pour constater cela, suffit de se tourner vers la seule équipe de la LNH au Québec, le Canadien de Montréal. La partisanerie est tellement remplie de paradoxe qu’il est assez évident que les gens parlent avec passion plutôt que la raison. Voici quelques exemples:

– L’an dernier, on voulait reconstruire, ce que l’organisation a fait. En début de saison, on mettait presque déjà une croix sur les séries dans le but d’accueillir plus de jeunes. Après une série de victoire et un parcours impressionnant jusqu’ici, maintenant on veut échanger les meilleurs espoirs pour des joueurs d’impact, gâchant ainsi tout le travail que l’on réclamait il y a moins d’un an.

– Après une séquence fructueuse au niveau de sa production offensive, on met Jonathan Drouin sur un piédestal. Après deux matchs plus difficiles, on le compare à un flop, un Québécois avec une attitude russe, etc.

– Une très mauvaise performance de Niemi et on veut déjà le renvoyer chez lui. Match suivant, il inscrit un record personnel et on l’adule. Hier contre les Panthers, il connait un autre match difficile et c’est le retour à la case départ. L’échec et des mauvais matchs sont des choses totalement interdites au Québec dans le hockey.

– Une série de victoires qui s’élève à plus de 5 et c’est la route pour la Coupe. Une série de défaites qui s’élève à plus de 3 et on liquide tout le club.

– Un marqueur régulier de 35 buts et c’est le sauveur de l’organisation. Une saison un peu en bas des attentes et on décide presque de signer une pétition pour envoyer ce joueur sous d’autres cieux. Une chance qu’à Washington, les partisans n’ont pas réagi comme cela quand Alex Ovechkin n’a marqué que 32 buts en 2010-2011 ! (IRONIE)

On pourrait continuer comme cela pendant des heures. Les exemples ne manquent point. La passion pour notre sport national est sans égal au Québec. Faut-il toutefois laisser notre raison dans le tiroir ? Et en passant, je n’ai pas connu les Nordiques, donc cet argument n’est pas valable pour justifier mon analyse qui risque d’en frustrer plus d’un.

L’exemple des réseaux sociaux

Cette passion se transpose même sur les réseaux sociaux. Dans le reportage de J.E, le président de Hockey Québec assure qu’un programme de prévention sur les réseaux sociaux est maintenant nécessaire. Non seulement les jeunes s’intimident sur les nombreuses plate-formes, mais les parents embarquent dans la partie également. Chose surprenante vous direz ? Regardez simplement les commentaires sous les articles parlant du Canadien et vous comprendrez que les réseaux sociaux laissent place à la passion, mais aussi à l’injure, au manque de classe et à la cyber-intimidation tout cela sans même savoir exactement à qui on s’en prend.

Y’a-t-il un lien corrélatif entre la passion qui anime les gens envers le CH et ces parents fous dans nos estrades de hockey mineur ? Non. Les cas dans les arénas sont isolés et un lien entre les deux principes est difficilement réalisable. Toutefois, une fine partie de ces deux problèmes de société ressort visiblement: la passion. être passionné est une qualité fantastique, mais lorsqu’on vient brimer un jeune dans son développement et qu’on l’empêche de pratiquer le sport qu’il aime tout cela pour une question de victoire (dans le peewee C et le bantam B), c’est complètement dénué de sens.

Chers parents, désolé de vous l’apprendre comme cela, mais votre enfant ne fera pas la LNH. Votre enfant désire seulement bouger, se faire des nouveaux amis et socialiser dans un contexte sportif. Vous, en revanche, vous empêchez de bouger un jeune en prétextant que seule la victoire compte et qui plus est, vous encourager votre enfant à mettre de côté ce pauvre jeune qui est peut-être moins bon, mais qui demeure un être humain comme votre propre enfant. Prenez-vous des REER plutôt que de pousser maladivement votre jeune mentalement et physiquement dans le hockey, il ne vous rapportera probablement pas le fond de pension attendu. Laissez-le plutôt s’épanouir dans le sport, laisser le se dépasser à sa propre limite, pas la vôtre et surtout, ne gâchez pas le plaisir que les autres enfants ont à enfiler leur équipement à l’aréna de quartier.

Extrait du reportage présenté à J.E

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