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À la loupe | L’épineux dossier Sam Bennett reste en suspens chez les Flames

Avec la quasi-totalité de leurs joueurs sous contrat, les Flames peuvent désormais se projeter sans mal sur l’exercice 2017/18. Toutefois, un dossier d’importance reste encore sur la table pour la haute-direction albertaine: celui de l’attaquant Sam Bennett, toujours agent libre avec restriction…

Une utilisation limitée

Par de nombreux aspects, la dernière saison fut très difficile pour l’ancien prodige des Frontenacs de Kingston. Pour sa deuxième campagne complète en LNH, Bennett n’a compilé que 26 points (13 buts, 13 assistances) en 81 rencontres, soit dix de moins que lors de son année recrue (18 buts, 18 assistances pour 36 points en 2015/16). Une production limitée, qui a logiquement généré des questionnements sur ses capacités à s’imposer dans la grande ligue.

Relégué au rang de troisième centre, l’ancien quatrième choix au total du Repêchage 2014 n’est pas parvenu à s’affirmer comme un pointeur régulier, son coach Glen Gulutzan ne l’alignant qu’avec une certaine retenue. Héritant d’un temps de glace moyen de 14:59, Bennett a été le sixième attaquant le plus utilisé par Calgary, derrière le nouvel arrivant Troy Brouwer (16:13), mais devant le vétéran Kris Versteeg (14:44) et la recrue Matthew Tkachuk (14:40). Un statut plus ou moins similaire à l’an passé, qui indique une certaine stagnation dans l’évolution de l’attaquant, sur lequel de nombreuses attentes sont pourtant placées.

La baisse d’influence de Sam Bennett fut surtout significative sur le jeu de puissance. En moyenne, le joueur de centre n’a été aligné que pour 1:14 par match à 5-contre-4, contre 1:57 en 2015/16. Avec seulement quatre buts inscrits en supériorité numérique (et aucune assistance), l’Ontarien d’origine ne fut donc pas en mesure de se tailler une place régulière sur les deux vagues du ”power play” des Flames.

Cette saison, Bennett semble avoir suscité davantage de doutes chez l’encadrement technique albertain. Dans le jeu, il n’a pas su dégager une réelle sérénité, se retrouvant parmi les joueurs les plus pénalisés de son équipe. En tout, l’avant a passé un total de 75 minutes en prison durant la dernière campagne, au troisième rang chez les Flames. Mais à l’inverse d’un Matthew Tkachuk, dont le nombre important de pénalités (105 mn) est aussi un indicateur de son style de jeu, Bennett n’est pas une véritable peste. Il n’a pas vocation à enchaîner les coups limites, ses voyages en prison étant davantage dû à des erreurs évitables.

Un contexte défavorable?

Aussi hésitant qu’irrégulier, notre homme fut aussi éclipsé par l’émergence du jeune Tkachuk. Postée sur le deuxième trio en compagnie de Michael Frolik et Michael Backlund, la recrue a littéralement ravi le rôle d’ailier gauche occupé par Bennett en 2015/16. Repositionné au centre d’une ligne complétée, la plupart du temps, par Kris Versteeg et Troy Brouwer (ou Alex Chiasson), il n’a donc pas bénéficié du même apport venant de ses compagnons de trio que lors de l’exercice précédent. Cela se vérifie notamment sur le flanc droit, où les performances de Brouwer et Chiasson sont loin d’égaler celles de Frolik.

Première illustration ici, avec cette HERO Chart créée par le blog ”Own The Puck”, qui compare les performances de Frolik et Brouwer sur les deux dernières années:

Mis à part le temps de glace, Frolik est supérieur à Brouwer sur l’ensemble des métriques à 5-contre-5, que ce soit au nombre de buts inscrits lorsqu’il se trouve sur la surface de jeu, aux premières assistances, aux lancers générés ou à la suppression des tirs. La situation est, par ailleurs, assez similaire lorsqu’on compare les résultats de Frolik et Chiasson:

Bien qu’il soit plutôt solide défensivement, le Québécois peine à rivaliser avec son équipier tchèque dans le reste des catégories. Parmi les partenaires les plus réguliers de Sam Bennett, seul Kris Versteeg a finalement su fournir une production digne d’un joueur type de second trio:

En clair, Bennett a disputé une majeure partie de sa seconde saison en compagnie d’équipiers moins productifs. Pourtant, la qualité des joueurs auxquels il a été confronté n’a pas nécessairement décliné, se corsant même, par certains aspects.

Ainsi, on constate, via ce premier graphe de hockeyviz.com, valable pour la saison 2015/16, que l’attaquant avait alors passé la plupart de ses sorties sur les deuxièmes et troisièmes lignes, tout en recevant un peu de temps de glace aux côtés des trois attaquants les plus utilisés par Calgary. Ses adversaires furent principalement des avants évoluant sur les mêmes trios que lui, et des quatrièmes, cinquièmes et sixièmes défenseurs.

Pour la campagne 2016/17, Bennett a ensuite été confronté à quelques changements. Ce second graphe indique qu’il a passé encore moins de temps en compagnie des cinq attaquants les plus utilisés par les Flames, évoluant le plus souvent avec des membres du bottom-6. Mais en parallèle, il a aussi fait face aux deuxièmes et quatrièmes meilleurs avants adverses de manière plus régulière, tout en rencontrant davantage les deuxièmes défenseurs les plus utilisés par ses opposants.

Si l’essentiel de ses adversaires est resté constitué d’attaquants de troisième trio, l’ensemble tend néanmoins vers une opposition un peu plus relevée. Alors qu’en parallèle, Bennett a dû composer avec des compagnons de ligne moins productifs que l’an passé, cette tendance pourrait donc expliquer, en partie, la baisse de points enregistrée par l’attaquant.

Son potentiel reste visible

Auteur d’une année pauvre sur le plan numérique, Bennett semble ainsi avoir quelques circonstances atténuantes. Toutefois, l’attaquant de 21 ans, qui reste un espoir attendu au plus haut-niveau, porte évidemment une importante part de responsabilité dans sa stagnation, voir sa régression, lors de l’exercice 2016/17. À l’heure où ses dirigeants doivent lui proposer un nouveau contrat, cela fait forcément tâche.

Mais au-delà des points marqués, Bennett possède pour lui quelques éléments qui peuvent encourager les Flames à rester patient avec leur jeune centre. Le potentiel est là, et il a déjà démontré, au cours de sa courte carrière, qu’il est capable de prendre feu, devenant inarrêtable offensivement. Avec son excellente qualité de passe, le centre est également en mesure de combiner parfaitement avec les meilleurs éléments de sa formation. S’ils passent peu de temps ensemble à forces égales, Sam Bennett et Johnny Gaudreau ont ainsi déjà fait étalage de leur bonne chimie à quelques occasions, comme sur ce but inscrit face aux Sharks.

Talentueux, Bennett sait aussi répondre présent dans les grands soirs, comme lors du tournoi printanier. Déjà, lors de la campagne 2014/15, l’Ontarien avait fait ses débuts sur le circuit Bettman en fin de saison, après avoir été blessé à l’épaule et laissé dans les rangs des Frontenacs de Kingston. Revenu de l’OHL, Bennett parvint à inscrire 4 points, dont 3 buts, en 11 matchs de Séries Éliminatoires avec les Flames.

Au printemps dernier, le centre fut l’un des quelques éléments à surnager lors du balayage subit face aux Ducks d’Anaheim, avec une récolte de 2 buts en 4 rencontres. Plutôt à l’aise aux côtés de Kris Versteeg, Bennett a d’ailleurs grandement bénéficié de ses talents de passeur sur sa première réalisation. Mais le jeune centre fut surtout capable de bien régler la mire, comme l’indique son Thru% (pourcentage de lancers pris qui vont au filet) de 90,9%, le meilleur parmi les joueurs des Flames ayant pris un minimum de 10 tirs lors de ces quatre confrontations face aux Californiens.

Et puisqu’on parle de pourcentage et de lancers, l’heure est peut-être venue de s’intéresser au facteur chance et à son impact sur la récolte offensive de notre homme. Pour ce faire, nous avons à notre disposition une statistique reconnue pour mesurer l’impact de la réussite sur les performances des joueurs: le PDO.

Créée par le blogueur Tim Barnes (sous l’alias Vic Ferrari), cette métrique aujourd’hui très populaire consiste à cumuler le pourcentage d’arrêts d’une équipe à son taux de conversion des lancers, lorsqu’un joueur en particulier se trouve sur la glace. La moyenne de la Ligue tourne autour des 100% et plus le pourcentage est élevé, plus les données indiquent que la conjonction %T et %d’arrêts a pu avantager un patineur. Souvent, les éléments ayant hérité d’un PDO élevé sur l’ensemble d’une saison viennent de boucler la campagne de leur vie.

Que nous enseigne donc cette stat sur Sam Bennett? Et bien qu’à seulement 97% sur l’exercice 2016/17, l’attaquant ne semble pas avoir eu la chance de son côté. Un tel total augure en principe d’un rebond à venir, même si cela reste à prendre avec précaution. En 2015/16, Bennett avait posté un PDO de 98,2%, le genre de résultat que les joueurs ont tendance à reproduire d’année en année. Mais la légère chute enregistrée cette saison peut malgré tout être annonciatrice d’une meilleure fortune pour l’an prochain, pour peu qu’une séquence heureuse vienne doper les chiffres de l’attaquant calgarien.

Enfin, difficile d’aborder le cas Bennett sans évoquer sa contribution sur l’infériorité numérique. Bien que son influence très réduite sur le jeu de puissance inquiète, le centre n’est pas encore totalement évincé des unités spéciales, son rôle sur le ”penalty kill” étant même voué à s’étendre la saison prochaine.

S’il n’a été que le 11ème joueur le plus utilisé sur cette phase de jeu, Bennett a pourtant eu des résultats probants. Son CorsiF à 5-contre-4 relatif au reste de l’équipe est de 1,3%, soit devant des Matt Stajan, Michael Stone, Mark Giordano, Lance Bouma, Troy Brouwer et autres Deryk Engelland, tous davantage utilisés que lui en infériorité numérique. Son association avec Alex Chiasson a aussi attiré l’attention des observateurs, cet excellent papier de nhlnumbers.com illustrant parfaitement leur bonne complémentarité à 4-contre-5 (bien meilleure qu’à forces égales d’ailleurs).

Malgré sa faible récolte de points, tout n’est donc pas noir pour Sam Bennett qui, du haut de ses 21 ans, a encore du temps pour s’améliorer. D’un certain point de vue, son utilisation dans un contexte plus ardu que l’an passé a probablement eu une influence sur son apparente baisse de niveau. En parallèle, plusieurs indicateurs suggèrent qu’une dynamique plus positive pourrait l’attendre l’an prochain.

Au vu de ces différents facteurs, les Flames devront donc attendre avant de consentir une entente longue durée à leur jeune centre. Un contrat de transition semble idéal pour permettre de jauger l’évolution de Bennett à Calgary. Niveau salaire, des émoluments situés dans une fourchette allant de 2,5 à 3 M$ annuels paraissent appropriés. D’ici la fin de son prochain contrat, l’espoir canadien aura ainsi eu le temps de peaufiner son jeu, donnant donc davantage d’indications sur le joueur qu’il deviendra dès qu’il sera plus mature et régulier en Ligue Nationale.

Sources Statistiques: hockey-reference.com, hockeyviz.com, ownthepuck.wordpress.com.

[STATS]5415[/STATS]

[STATS_EQUIPE]CGY[/STATS_EQUIPE]

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