Gardiens du Canadien | Un beau problème
L’organisation du Canadien de Montréal connaît beaucoup de succès en ce mois d’avril, qui l’aurait cru! En effet, le club-école trône au sommet de la LAH, tandis que le grand club trouve mille et une façons de remporter ses matchs et sera vraisemblablement des séries éliminatoires de la Coupe Stanley. Les prochaines lignes aborderont l’intrigante situation des gardiens de but de l’organisation, qui s’avèrent comme un très beau problème pour les décideurs, mais aussi un casse-tête pour les entraîneurs.
Statu quo
La théorie, c’est quand on sait tout, et que rien ne fonctionne. La pratique, c’est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. Ces paroles inspirantes d’Albert Einstein m’ont amené à réfléchir à la situation actuelle des gardiens de but du Canadien de Montréal et du Rocket de Laval, soit de garder le statu quo malgré les arguments en faveur d’un changement. Forcé de constater que l’aspect collectif l’emporte sur l’individuel, selon les propos d’après-match de Jakub Dobes, suite à sa victoire à Nashville, le 6 avril dernier.
« Nous sommes prêts pour les séries. Je suis heureux d’être ici chaque jour, il y a seulement 64 gardiens dans la LNH et je fais partie de ceux-ci. Je ne pense pas que c’est difficile de rester prêt, je vis le rêve ici, je ne sais pas combien de personnes voudraient être à ma place. C’est comme ça que je le vois. Je suis heureux de notre position, c’est un bon groupe ici. Les réussites personnelles doivent être mises de côté, c’est la mentalité de tout le monde et ça fonctionne. » –Jakub Dobes
Faible échantillon
Inspirée par la situation de Jakub Dobes, j’ai jeté un œil sur quelques gardiens de but de 23 ans et moins ayant disputé des matchs dans la LNH cette saison. On l’entend souvent, le développement d’un gardien de but n’est pas linéaire et peut se faire assez tardivement en comparaison aux autres positions. On demande actuellement à Jakub Dobes d’être un bon deuxième, et ce, à 23 ans. Pour faire le travail en tant que gardien auxiliaire, doit-on obligatoirement posséder davantage d’expérience et/ou de maturité?
Dustin Wolf
Avant de s’établir comme une des meilleures recrues de la saison 2024-25, Dustin Wolf a plus que roulé sa bosse dans la LAH avec le club-école des Flames de Calgary. Entre les saisons 2021-22 et 2023-24, Wolf a obtenu 138 départs dans la ligue américaine de hockey, où il a maintenu une fiche de 95 victoires, 31 défaites en temps réglementaire et 9 défaites en surtemps. Sa moyenne de but accordée lors de ces 3 saisons s’élève à 2.29 et son pourcentage d’efficacité à 0.926. Après avoir connu un fort premier match dans la LNH en 2022-23 (1 but accordé sur 23 lancers, 0.958), Wolf n’a pas été en mesure de convaincre l’organisation des Flames lors de la saison suivante, où il a maintenu une fiche de 7-7-1, une moyenne de but accordé à 3.16 et un pourcentage d’efficacité à 0.893. Cette saison, le choix de 7e tour des Flames de Calgary en 2019 présente une fiche de 26-16-8, une moyenne de but accordée à 2.64 et un pourcentage d’efficacité à 0.910. À titre cumulatif, Wolf a disputé un total de 209 matchs professionnels (LAH et LNH).
Spencer Knight
Le scénario de Spencer Knight s’avère très différent de ceux de Jakub Dobes (choix de 5e ronde) et de Dustin Wolf (choix de 7e ronde). Repêché 13e au total par les Panthers de la Floride à l’encan de 2019, Knight a fait le saut directement dans la LNH après avoir évolué pendant deux ans du côté de Boston College, dans la NCAA. Le 24 février 2023, le jeune portier a rejoint le programme d’aide aux joueurs de la LNH afin de traiter un trouble obsessionnel compulsif. Maintenant membre des Hawks de Chicago, Knight cumule 151 matchs chez les professionnels, dont un total de 80 matchs en 4 saisons en Floride dans un rôle de second à Sergei Bobrovski.
Devon Levi
Repêché en 7e ronde par les Panthers de la Floride au repêchage de 2020, le Québécois Devon Levi a, lui aussi, fait le saut dans la grande ligue après deux saisons dans la NCAA. Lors de sa première saison complète chez les professionnels, Levi a obtenu un total de 49 départs dans la LNH et la LAH. Cette saison, le gardien natif de Dollard-des-Ormeaux n’a su s’imposer devant le filet des pauvres Sabres de Buffalo (2-7-0, moy. 4.14, 0.872), mais fait très bien du côté de Rochester (24-11-4, moy. 2.19, 0.920). Au total, Levi a disputé 104 matchs chez les professionnels.
Jakub Dobes
Le choix de 5e tour du Canadien de Montréal au repêchage de 2020 se présentait, au moment de sa sélection, comme un beau projet de développement. Au moment d’écrire ces lignes, je considère qu’il l’est toujours, et que, dans le meilleur des scénarios, il obtiendrait davantage de départs à cette 2e saison professionnelle. L’an dernier, c’est un total de 51 matchs du côté du Rocket de Laval pour Dobes, avec une très belle progression de décembre à avril. Le jeune homme a démontré que, lorsqu’il possède la pôle, il est en mesure de compétitionner et peaufiner sa technique, qui est souvent un sujet de critique. Cette saison, Jakub Dobes a disputé 14 matchs dans la LAH avant d’obtenir un rappel avec le Canadien. En date d’aujourd’hui, le jeune tchèque a obtenu 16 départs avec le Canadien (Dobes est partant contre Toronto ce soir), pour un total de 30 départs pour l’entièreté de la saison 2024-25. Ses chiffres sont assez intéressants pour le contexte, mais il sera intéressant de voir quel est le plan pour lui l’an prochain. A-t-il joué avec le Canadien pour mousser sa candidature comme #2 l’an prochain? Est-ce que l’échantillon est suffisant? Personnellement, je veux voir Jakub Dobes disputer davantage de matchs la saison prochaine. Dans le contexte où le Canadien participe aux séries éliminatoires, l’expérience peut être précieuse pour le jeune Dobes. Les 81 matchs disputés au niveau professionnel par Jakub Dobes sont, à mon avis, un volume insuffisant pour un gardien comme lui s’il n’obtient aucun départ en séries.
L’utilisation actuelle de Jakub Dobes du côté du Canadien de Montréal m’amène à penser que l’organisation désire obtenir des réponses sur lui, particulièrement dans des contextes difficiles, émotifs et inconfortables. Pas plus tard que l’an dernier, le doute s’est rapidement installé dans le cadre de ses débuts professionnels difficiles à Laval. L’organisation a tardé à amener du renfort devant le filet et cela a été particulièrement critiqué. Cette saison, Dobes m’apparaît testée en termes de concentration et préparation alors qu’il a obtenu 35% des départs depuis son rappel, contre 70% l’an dernier dans la LAH. Ce manque de volume est une chose à laquelle il n’est pas familier, comme la plupart des jeunes gardiens qui débutent leur carrière chez les professionnels.
Les meilleurs du métier
Qui sont les meilleurs gardiens de la LNH dans un rôle de second? Pour l’exercice, j’ai ciblé les portiers ayant disputé entre 20 et 30 matchs par saison lors des 3 dernières saisons. Pour réduire le nombre de candidats, j’ai sélectionné ceux qui ont présenté une fiche supérieure à la barre des 0.500.
2022-23:
- Pyotr Kochetkov (CAR): 12-7-5. 23 ans.
- Dan Vladar (CGY): 14-6-5. 25 ans.
- Adin Hill (VGK): 16-7-1. 26 ans.
- Mackenzie Blackwood (NJD): 10-6-2. 26 ans.
- Matt Murray (TOR): 14-8-2. 28 ans.
- Charlie Lindgren (WSH): 13-11-3. 29 ans.
- Anti Raanta (CAR): 9-3-3. 33 ans.
- Semyon Varlamov (NYI): 11-9-2. 34 ans.
- Jaroslav Halak (NYR): 10-9-5. 37 ans.
- Brian Elliott (TBL): 12-8-2. 38 ans.
2023-24:
- Devon Levi (BUF): 10-8-2. 22 ans.
- Joel Hofer (STL): 15-12-1. 23 ans.
- Joseph Woll (TOR): 12-11-1. 25 ans.
- Vitek Vanecek (NJD): 17-9-3. 28 ans.
- Jonas Johansson (TBL): 12-7-5. 28 ans.
- Laurent Brossoit (WPG): 15-5-2. 30 ans.
- David Rittich (LAK): 13-6-3. 30 ans.
- Anthony Stolarz (FLA): 16-7-2. 30 ans.
- Scott Wedgewood (DAL): 16-7-5. 31 ans.
- Anton Forsberg (OTT): 15-12-0. 31 ans.
- Casey DeSmith (VAN): 12-9-6. 32 ans.
- Calvin Pickard (EDM): 12-7-1. 33 ans.
- Semyon Varlamov (NYI): 14-8-4. 35 ans.
- Antti Raanta (CAR): 12-7-2. 36 ans.
- James Reimer (DET): 11-8-2. 36 ans.
- Jonathan Quick (NYR): 18-6-2. 38 ans.
2024-25:
- *Jakub Dobes (MTL): 7-4-2. 23 ans.
- Joel Hofer (STL): 16-8-3. 24 ans.
- Justus Annunen (COL-NSH): 15-14-1. 25 ans.
- Dan Vladar (CGY): 11-11-6. 27 ans.
- Ilya Samsonov (VGK): 16-9-3. 28 ans.
- Thatcher Demko (VAN): 10-8-3. 29 ans.
- Joonas Korpisalo (BOS): 10-10-3. 30 ans.
- John Gibson (ANA): 11-11-2. 31 ans.
- Alex Lyon (DET): 13-9-1. 32 ans.
- David Rittich (LAK): 15-12-2. 32 ans.
- Scott Wedgewood (NSH-COL): : 13-6-2. 32 ans.
- Casey DeSmith (DAL): 14-7-2. 33 ans.
- Calvin Pickard (EDM): 22-9-1. 34 ans.
- Frederik Andersen (CAR): 13-6-1. 35 ans.
- Marc-André Fleury (MIN): 13-9-1. 40 ans.
Constat: Peu de jeunes gardiens parviennent à s’illustrer dans la LNH s’ils sont utilisés entre 20 et 30 matchs. La moyenne âge de l’échantillon exposée s’élève à 29 ans.
Brouiller les cartes
Jacob Fowler disputera officiellement son premier match chez les professionnels ce soir, dans un duel face au Crunch à Syracuse. Au lendemain d’une victoire importante face aux Americans de Rochester, le Rocket donne le filet à son jeune gardien prometteur peu après la signature de son premier contrat avec l’organisation. Verra-t-on Fowler chauffer le jeune vétéran Cayden Primeau pour obtenir la pôle en séries? Chose certaine, il s’agit d’une audition intéressante pour l’ancien de Boston College.
Situation contractuelle des gardiens du Canadien
- Samuel Montembeault: Sous contrat pour 2 autres saisons, 3.15M$ par année.
- Jakub Dobes: RFA au terme de la présente saison.
- Cayden Primeau: RFA au terme de la présente saison.
- Jacob Fowler: Sous contrat pour 3 saisons à partir de 2025-26, contrat d’entrée de la LNH.
- Connor Hughes: UFA au terme de la présente saison.
- Deux absents confirmés pour le Canadien en vue du match 5
- David Reinbacher jouera ce mercredi et méfiance devant les Monsters de Cleveland
- Jakub Dobes s’en tire bien auprès de la NHL malgré ses propos au dernier match
- Le Centre Bell, une «place terrifiante où jouer» selon un partisan des Capitals !
- Qu’est-ce qui est un coup à la tête selon les règlements officiels de la NHL ?
Commentaires