Cédric Paquette, le nouveau Sénateur de Gaspé
En 2018, j’habite sur la Basse-Côte-Nord du Québec où j’enseigne à La Romaine. Je fais la rencontre d’un homme assez singulier et intriguant. Sherge me fascine par son parcours atypiquement intéressant. Grand partisan de hockey, mon nouveau copain a galéré aux quatre coins du Québec pour aboutir chez les Innus en pleine séries de la Coupe Stanley. Pour le peu de temps qu’on se fréquente, nos discussions aboutissent souvent dans un coin de bande à parler de hockey. Au cours de ses nombreux déplacements, Sherge en a profité pour suivre les équipes locales de la LHJMQ. Un jour, il réalise que non seulement les régions où il habite sont attachées à leurs équipes juniors, les gens sont fiers de leurs joueurs locaux ayant atteint la LNH. En plus d’être un amateur de statistiques de son sport favori, Sherge traîne partout avec lui sa caméra de professionnel. Sherge me relate qu’il a raté sa chance en 1996 de célébrer la Coupe Memorial à Granby. Mais se reprend l’année suivante. Sa caméra capte des moments précieux du défilé des Olympiques de Hull. C’était toutefois à mon tour de manquer ma chance; j’habitais en Colombie-Britannique quand l’équipe junior de mon enfance en Outaouais gagne les grands honneurs du hockey junior canadien. Lorsque les Capitals remportent leur toute première Coupe, Sherge et moi réalisons que le seul joueur Québécois au sein de la formation de Washington est Alex Chiasson originaire de Montréal. Y aura-t-il un défilé de la Coupe à Mtl? Seulement quand le Canadien gagnera La Coupe dans combien d’années encore? J’en profite pour mentionner à Sherge que j’habitais dans la région de Lotbinière près de Québec quand Antoine Vermette a amené la Coupe à St-Agapit en 2015. Je lui réponds non lorsqu’il me demande si j’y étais lors de la visite éclair de l’ancien joueur des Blackhawks.
Notre départ de la Basse-Côte se fait en avion. Quand Sherge débarque à Gaspé, je lui souhaite en le narguant que la Coupe vienne parader devant le Golfe du St-Laurent dans les prochaines années. Le 28 septembre 2020, un athlète de 27 ans originaire de Gaspé nommé Cédric Paquette réalise un rêve, celui de plusieurs joueurs de hockey jeunes ou vieux. Il gagne la Coupe Stanley avec le Lightning de Tampa Bay. Je texte aussitôt mon acolyte de qui je n’ai pas trop de nouvelles : « La Coupe passera à Gaspé pour la toute première fois au cours de l’automne. Sors ton Kodak! » Quelques jours plus tard, je reçois une réponse de Sherge qui me dit : « C’est plate Beaulne. J’ai déménagé à Val d’Or où joue dorénavant Pelletier! »
Entre le Noël et Jour de l’an de 2020, Cédric Paquette apprend qu’il quitte la Floride et son équipe championne. Aussitôt, je texte un autre camarade. « L’as-tu scouté Paquette? » Mon ami Rob Murphy et moi avons été coéquipiers pour les Mariniers d’Aylmer des années ‘80. Ancien joueur des Sénateurs de l’édition de 1992-93, Murph pour les plus intimes, est dépisteur professionnel pour l’équipe d’Ottawa. Il me répond qu’il l’a suivi pendant les séries de 2020. Rob, qui s’exprime dans un français respectable, m’a plus tard confirmé par téléphone qu’il l’a suivi mais pas plus ni moins qu’un autre. Quand son directeur-général, Pierre Dorion, décide de s’engager dans une discussion avec son homologue du Lightning, Julien Brisebois, le d-g des Sénateurs considère le travail effectué par son équipe de dépisteurs. Le 27 décembre, la nouvelle tombe. Tampa et Ottawa se sont entendus sur un échange. Paquette devra jouer au Nord de la frontière.
Ce déménagement ne faisait pas partie de ses plans lui qui a joué toute sa carrière pour le Lightning. Toutefois, le joueur attaquant gaspésien savait qu’il se préparait des changements à Tampa afin de créer de l’espace sur la masse salariale de l’équipe. « Tu espères toujours que ce ne sera pas toi, mais je suis content d’être de retour au Canada », a voulu préciser Paquette. Les changements ont souvent cette manie d’envisager de nouvelles perspectives. Par exemple, le nouveau Sénateur qui vient de compléter sa sixième saison dans la LNH, va pouvoir affronter le Canadien de Montréal une dizaine de fois au sein de cette nouvelle Division nord. À propos de son rôle avec sa nouvelle équipe, Paquette sait pertinemment que les Sénateurs voient en lui un jeune vétéran francophone qui joue du hockey physique et qui apporte cette expérience d’avoir remporté la Coupe Stanley. Ce genre d’ajout à une formation en reconstruction ne peut qu’insuffler de l’énergie, de l’espoir et du leadership à une jeune équipe comme les Sénateurs d’Ottawa. Nous sommes plusieurs vieux Mariniers à espérer voir ce jour où Rob Murphy descendra la rue Principale, passer devant l’hôtel British Hotel jusqu’à la marina d’Aylmer avec la Coupe Stanley.
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