Devrait-on retirer la possibilité de faire des offres hostiles dans la LNH?

On en parle chaque été lorsque le marché des joueurs autonomes est ouvert. On a les joueurs autonomes sans compensation (UFA) comme John Tavares l’a été avant de s’entendre avec les Maple Leafs et il y a les joueurs autonomes avec compensation (RFA). Ces joueurs sont ceux qui n’ont pas encore l’âge (27 ans) pour devenir joueurs autonomes sans compensation, mais qui n’ont plus de contrat valide.

Les droits du joueur autonome sans compensation appartiennent à l’équipe qu’il représentait lorsqu’il a terminé son contrat jusqu’au 30 juin, mais pour que l’équipe ne perdre pas ses droits, elle doit lui soumettre une offre qualificative, sans quoi le joueur devient sans compensation et devient libre comme l’air.

Un RFA peut-il recevoir des offres d’autres équipes?

Oui.

Par exemple, les Golden Knights de Vegas ont William Karlsson dans leur alignement qui a marqué plus de 40 buts et plus de 70 points l’an dernier. Voulant se concentrer sur d’autre joueur à l’ouverture du marché, le directeur général des Knights a soumis une offre qualificative à Karlsson avant le 1er juillet afin de pouvoir négocier avec lui plus tard. Néanmoins, un autre directeur général pourrait soumettre une offre de contrat à Karlsson comme si c’était un UFA et si le joueur accepte, les Knights seraient dans l’obligation d’égaler ou non l’offre de l’autre équipe. Si les Knights n’égalent pas l’offre, l’équipe qui le met sous contrat doit donner des compensations aux Knights pour la perte du joueur.

Qu’est-ce qu’une compensation?

La compensation se donne en choix de repêchage.

Pour reprendre l’exemple de William Karlsson, un marqueur de 40 buts doit impérativement se payer plus de 7 millions par saison. C’est donc dire qu’une équipe comme le Canadien de Montréal qui aurait besoin d’un centre comme Karlsson pourrait offrir un montant approximatif de 7.5 millions par saison pendent 7 ans et si le joueur accepte cette offre, Georges McPhee aurait une semaine pour égaler cette offre, sans quoi Marc Bergevin serait dans l’obligation de donner son prochain choix de 1re ronde en plus d’un choix de 2e et de 3e ronde et on doit s’assurer que ce soit les choix du Canadien et non ceux que le Canadien pourrait acquérir en cours de saison. Ça fait cher payé pour un seul joueur et surtout pour une équipe qui risquerait de voir son prochain 1er choix dans le top 10.

Une équipe se bâtit par le repêchage maintenant

Le plafond salarial force les 31 équipes à travailler fort financièrement pour se conformer, soit avec le plancher ou avec le plafond salarial. C’est pourquoi la ligue devient de plus en plus jeune, car il est d’autant plus bénéfique pour une équipe d’avoir une jeune équipe sur des contrats d’entrée dans la LNH. On voit de moins en moins de grosse transaction ou de coup d’éclat lors de l’ouverture du marché des joueurs autonomes, car outre les équipes qui sont près de la coupe Stanley, la majorité des dirigeants veulent garder leurs choix.

Si on bâtit par le repêchage, comment justifier l’utilisation d’offre hostile envers les RFA? C’est la question qu’on doit commencer à se poser de plus en plus.

Devrait-on retirer le mécanisme d’offre hostile?

Si le passé est garant du futur, on pourrait affirmer que oui, car la dernière offre hostile remonte à 5 ans.

Pourtant, les candidats de qualité ne manquent pas sur le marché. On a parlé de Karlsson, mais il y a d’autres joueurs qui pourraient recevoir une offre hostile facilement et la compensation ne serait peut-être pas si énorme.

Il y a également une loi non écrite indiquant qu’une offre hostile a pour effet de créer une tension entre les 2 directeurs généraux concernés. Dans une ligue où le but premier est de gagner, on devrait laisser de côté les « tensions » entre dirigeants et faire ce qui doit être fait pour améliorer son équipe. Considérant la faible utilisation du système, on devrait le retirer, mais on ne risque pas d’aborder ce sujet lors de la prochaine négociation de la convention, car ça n’implique pas de grands risques et ça n’a aucun impact financier pour la ligue ni pour les joueurs.

Et si…?

Et si toutes les offres des 12 dernières années avaient été acceptées?

Les grands perdants auraient été les Oilers d’Edmonton, eux qui ont déjà dû donner les sélections de Tyler Myers et Justin Schultz et s’ils avaient obtenu Thomas Vanek en plus, ils auraient probablement dû donner les 1re sélections des encans 2010 et 2011, soit Taylor Hall et Ryan Nugent-Hopkins. Ce n’est que de la spéculation, car peut-être qu’Edmonton aurait été meilleure avec Vanek dans leur alignement, mais est-ce que ces saisons de misères auraient vraiment été différentes avec Vanek?

Les grosses offres hostiles en voie de disparition

Le fait est que les grosses offres hostiles comme Shea Weber a signé en 2012, ça ne risque plus vraiment de se voir. La parité de la LNH fait en sorte que pendant 1 saison, une équipe peut finir dans le top 10 de la ligue, mais la saison suivante, elle peut se retrouver avec une sélection top 10 au repêchage, car elle a connu une saison difficile ou elle a gagné la loterie du repêchage. Le risque devient donc trop grand pour la majorité des dirigeants de la ligue.

Au final, les Flyers n’auraient peut-être pas perdu tant que ça, car Weber aurait amélioré leur formation de beaucoup, mais avec du recul, David Poile aurait peut-être dû ne pas s’aligner sur l’offre des Flyers envers son ancien capitaine.